Protéger l'épargnant salarié comme un épargnant individuel

Aujourd’hui en France, 3 millions de porteurs salariés détiennent des actions de leur employeur, en direct ou via des fonds spécifiques. La vente de ces actions aux salariés échappe à toutes les règles habituelles de vente de produits financiers :
  • Pas de questionnaire d’investisseur proposé au salarié pour vérifier sa connaissance des titres qu’il peut acquérir,
  • Pas de questionnaire lui proposant de s’interroger sur la pertinence de son éventuel investissement par rapport au reste de son épargne, etc.
 
La question se pose de façon analogue pour les 11 millions d’épargnants au sein de plans d’épargne salariale PEE (plan d’épargne d’entreprise) ou PERCO (plan d’épargne retraite collectifs). Les salariés placent tout ou partie de leur participation aux résultats de leur entreprise ou leur intéressement collectif sur ces plans et sur les supports financiers OPCVM qui leur sont proposés à l’intérieur de ces plans sans bénéficier du moindre conseil en investissements financiers et sans répondre à quelque question que ce soit sur leurs connaissances de la matière financière.
 
Enfin, le même raisonnement s’applique sur les produits d’assurance retraite vendus en entreprise, tels que les plans Article 83 ou PERE (plans d’épargne retraite d’entreprise). Plusieurs millions de salariés sont concernés et sont détenteurs de produits de placement (un fonds d’assureur ou des OPCVM), alors qu’ils n’ont à aucun moment bénéficié d’un conseil financier minimum.
En parallèle, depuis une quinzaine d'années, de gros progrès ont été faits pour protéger l'épargnant individuel - pour mieux l'informer - pour obliger à un conseil financier préalable à la vente - pour lui permettre de mieux suivre l'évolution de son épargne. L'Autorité des Marchés Financiers - qui a pour mission première de protéger l'épargnant - vient de publier les principaux changements introduits par la nouvelle règlementation européenne dite « MIF 2 » entrée en vigueur au 1er janvier 2018 pour renforcer la protection des investisseurs. Cette réglementation ne s'applique par à l'épargne salariale, dont les acteurs se sont jusqu'ici débrouillés pour y échapper, pour des questions de rentabilité de leur petit marché organisé à l'écart du marché de l'épargne individuel.
Que le législateur et l'exécutif prennent enfin la décision d'intégrer l'épargne salariale dans la réglementation MIF2 ! L'épargnant et l'actionnaire salarié doit être protégé au même titre qu'un épargnant individuel.